Gare de Metz-Ville

 

La gare de Metz est une gare ferroviaire.

 

Cette gare, pour ses façades et toitures (hors verrière), son salon d'honneur, le décor du buffet et son hall de départ, fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 15 janvier 1975.

 

La gare, longue de plus de 300 mètres et dont la tour de l'horloge s'élève à 40 mètres, a été édifiée de 1905 à 1908 par l’architecte berlinois Jürgen Kröger, assisté des architectes Jürgensen et Bachmann ainsi que du scuplteur Schirmer, dans un style néoroman rhénan. Elle est inaugurée le 17 août 1908. Le chef-lieu de la Moselle était déjà doté d'une gare importante au milieu du XIXe siècle. Cet édifice que l'on nomme aujourd'hui ancienne gare avait remplacé une précédente gare qui, provisoirement construite en bois, avait brûlé sur le même emplacement. Ses bâtiments, situés place du Roi-George, sont à présent occupés par la direction régionale de la SNCF.

 

On peut donc se demander pourquoi l'administration impériale a pris la décision d'en bâtir une nouvelle, à peine cinquante ans plus tard. La gare alors en usage suffisait aux besoins de la population mais elle demeurait une gare de terminus.

 

La fonction première de la nouvelle gare de Metz était militaire: terminus de la « Kanonenbahn », une ligne de chemin de fer stratégique entre Berlin et Metz, la nouvelle gare devait répondre à un impératif stratégique de l'Empire allemand. Dans l'éventualité d'une guerre avec la France, l'Allemagne devait pouvoir acheminer ses troupes sur la frontière occidentale, en particulier dans le secteur de la Moselstellung, en un minimum de temps. La gare actuelle permettait à l'empereur de déplacer une armée complète de 750 000 hommes en vingt-quatre heures.

 

Ainsi les quais sont particulièrement larges et longs, et les voies en nombre important. De plus, sa disposition devait permettre, en cas de guerre, le chargement et le déchargement rapide de la logistique et des chevaux. En effet, chaque voie dispose d'un quai surélevé pour les voyageurs, à l'origine prévu pour faire embarquer et débarquer les chevaux sans différence de niveau avec les wagons, et d'un quai bas de l'autre côté de la voie, actuellement réservé pour le service, mais à l'origine utilisé pour les personnes et les marchandises.

 

Construite en grès de Niderviller de couleur gris pâle, elle se distingue des bâtiments du centre ancien faits de calcaire ocre jaune très caractéristique (en pierre de Jaumont).

Le projet a été réalisé par la Société de construction lorraine, de Metz.

 

Le projet architectural lauréat de Jürgen Kröger, « Lumière et Air », exprimait initialement une facture franchement modern style. Jugé « clair, précis et fonctionnel », son projet dut évoluer pour se conformer à une stylistique romane rhénane qui recueillait l'assentiment de Guillaume II, puisant dans la gloire passée du Saint Empire sa légitimation ; la parenté formelle avec une église (partie départ), vue de l'extérieur, est la plus frappante pour une gare. Pour la partie droite (buffet et hall arrivée), c'est un palais impérial qui est évoqué. La gare réinterprète la symbolique des pouvoirs religieux et temporels de l'empereur au Moyen Âge. Guillaume II qui aimait se rendre dans la cité messine le Reichsland d'Alsace-Lorraine était placé sous son autorité directe en aurait esquissé le clocheton de l'horloge d'après la presse de l'époque. Le projet conserva toutefois l'organisation et la disposition spatiale et fonctionnelle des volumes.

 

Attenant au salon d'honneur, le buffet de la gare est l'occasion d'un décor de boiseries travaillées et de frises peintes. Des scènes de victuailles où la représentation sociale des personnages répond avec emphase à la tripartition en classes de voyageurs, viennent s'ajouter aux bas-reliefs illustrant les thèmes du voyage, des moyens de communication et de transports, avec des références orientales. Les figurants émergent des entrelacs courbes de rinceaux sur lesquels ils s'accrochent parfois, les enjambent et vont jusqu'à se donner la main entre deux chapiteaux voisins.

 

Une profusion de détails sculptés, la statuaire, ou encore les vitraux évoquant la protection de Charlemagne, en écho aux origines locales de la dynastie carolingienne, soulignent la dimension symbolique insufflée à l'édifice. Ceci n'a pas manqué de donner lieu à des mutilations6 adverses, en 1918 puis lors de la deuxième annexion.

 

Deux halles métalliques abritaient les quais. Les minces voiles de béton qu'elles supportaient s'étant fragilisées, une dalle en béton armé s'y est substituée en 1974. Selon les préoccupations urbanistiques de l'époque, elle a ainsi été aménagée en parc de stationnement aérien accessible par une rampe hélicoïdale.

 

Longtemps, l'esthétique massive de la gare au discours impérialiste ostentatoire, lui a valu la désaffection de la population. La gare de Metz dans les productions artistiques. Néanmoins l'urbanisme du quartier tout entier, dont la gare constitue le point de confluence, est très novateur et d'une grande qualité. Cette composition urbaine s'organise, avec le démantèlement de l'enceinte bastionnée, de part et d'autre d'un boulevard circulaire (actuelle avenue Foch) planté d'arbres, assurant une jonction douce (graduation des gabarits construits) avec les quartiers préexistants.

 

La gare et son château d'eau (également protégé) prennent assise sur 3 0345 pieux de fondation de dix à dix-sept mètres de profondeur, réalisés en béton armé suivant le procédé que venait de mettre au point l'ingénieur français François Hennebique.

 

La gare de Metz est inscrite monument historique depuis le 15 janvier 1975 ; sont protégés, la façade (à l'exception de la verrière) et la toiture sur la place, le hall départ, le salon d'honneur et l'ancien buffet avec le décor intérieur. En 2007, la ville de Metz a proposé à l'Unesco l'inscription de l'ensemble du quartier impérial (quartier gare) à la liste du patrimoine mondial.

La gare de Metz dans les productions artistiques:

Maurice Barrès a satiriquement écrit une description de la gare de Metz, blâmant le didactisme stylistique du régime impérial allemand et où il la qualifiait de « tourte » au « style colossâl » où « tout est retenu, accroupi, tassé sous un couvercle d'un prodigieux vert épinard.

Bernard Lavilliers a chanté Le buffet de la gare de Metz dans l'album Le Stéphanois en 1975, évoquant une atmosphère enfumée et étrange de ce rare lieu ouvert tard la nuit.

Gilles Taurand a relié à la gare de Metz l’énigme du narrateur de son roman publié en 2005, Exécution d’un soldat en gare de Metz. L'imagerie d'Épinal a réalisé une image de la façade de la gare.